Septembre 1962

La libération, celle qu’entrevoyait Pascal lorsqu’il nous rêvait « debout dans les porches de la sainte Jérusalem… de la Jérusalem du Ciel », tel est sans doute le thème central de de roman, et qui rayonne aussi bien à travers ses situations que ses personnages :

UN colonel qui meurt en 1870 au pied d’un chêne et peu à peu, sur les chemins de cette agonie, accède à un autre monde… Un jeune boucher amoureux, une petite vendeuse rose et noire… Un soldat qui erre dans une Allemagne de légende, celle de 1940-1945… Deux adolescents perdus dans la guerre, mais qui se souviennent d’une ville unique… Une notairesse passionnée. Des enfants… Des évadés assemblés dans le port de Stettin et qui, mendiant, volant, pillant, se prostituant, guettent le salut… Un étudiant dont le langage s’éveillera au lendemain d’une Nativité… D’autres encore…

Reconquête du Temps qui ne serait plus « perdu », mais sauvé dans tous ses éléments ; abolition de la causalité ; transfiguration du « bien » et du « mal »… cette croyance en la « non-chronologie », en la « vision globale » – et sans doute faut-il dire en l’absolu – donne à ce roman sa texture très singulière où les relations causales s’effacent derrière les corrélations poétiques ; où jouent de mystérieuses équivalences ; où la sexualité, le masochisme, l’inversion, le meurtre, le narcissisme ne figurent peut-être pour ces personnages, parmi d’autres reflets de leur subconscience, que l’incertitude de leur état présent, leur similitude, leur unicité profonde, et comme une illustration symbolique et charnelle de leur destinée.